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Samedi 7 Février
: Nous partons à 7 h pour BOGHARI
en stage Commando, le commandant nous passe en revue, il nous
reconnaît avec P... "Ah, voilà mes transmissions" , on arrive à Boghari
par la route Alger Lagouat, vers 16h à l'entrée de Boghari, une voiture
Vedette est dans un fossé, mitraillée. En arrivant au camp, nous
montons une grande tente. Ce matin grasse matinée jusqu'à 9h, Johnny va
chercher le petit déjeuner tandis que nous montons les tables reçues la
veille, autour du Café, les conversations vont bon train sur ce
que va être notre devenir, ce petit break nous permet de mieux faire
connaissance, nous sommes un petit groupe de six personnes, il y a 2
Radios Bir... un Bordelais gouailleur qui roule un peu les
épaules et parle en chantant, Lega ... dit Johnny un Normand
décontracté ..."pas d'affolements !" Kefe...un Breton toujours de bonne
humeur et prêt à rendre service, il est Ordonnance du Pitaine ,
Mek... un Rallié super gentil, interprète, avec Kef..., il est chargé
de notre protection et puis mon acolyte, Per... Radio graphiste et moi
radio dépanneur.
Les présentations faites, nous sentons déjà que notre sort sera lié,
les anciens nous expliquent la
composition du commando qui semble très hétéroclite , celle-ci
se compose de 3 sections de 30 éléments, 1/3 du commando est
formé de Harkis, 1/3 d'Européens et 1/3 de ralliés
Il y a des Bellounistes,
des MNA, des FLN, ces deux derniers sont repartis dans des
sections opposées, la 1ère et la 3ème pour éviter d'être côte à côte et
de se frictionner sur le terrain. Il y a une autre catégorie dont
peut-être je fais partie, les mutés
Disciplinaires , il a des parachutistes trop portés sur la
bouteille, des légionnaires, un cuisinier engagé qui va devoir
marcher pour perdre sa graisse (il vient des chasseurs
Alpins), il a fait paraît-il un trafic de viande. Il y a un pompier de
Paris, plus habitué à tenir une lance qu'un fusil, sa spécialité lors
des haltes, c'est de repartir souvent en
oubliant son fusil..! un jour le Pitaine ne manquera pas de lui
donner une leçon, complice avec les gars de la section qui ont bien
évidemment remarqué l'anomalie, le Pitaine laisse passer mon gars dans
la colonne, décontracté les deux mains dans les poches qui discute du
soleil et des petits oiseaux, il le rattrape et lui balance avec force
son fusil en travers du dos (le choc est heureusement amorti par le sac
à dos) et lui lance "Prends en soin et n'oublie
pas ton arme, tu pourras en avoir bientôt
besoin..!" , d'autres encore à qui on ne donnerait pas le Bon
Dieu sans confessions. On dit aussi ... que le capitaine aurait
été lui aussi muté disciplinaire pour avoir fait monter une section de
bérets vert à l'assaut d'un piton, et que l'expédition aurait tournée à
la catastrophe.
Lundi 9 Février
: Rassemblement 6h45, cross et mouvements de gym jusqu' à
7h 30, il pleut, un vrai temps de chien, on patauge dans la gadoue.
Après le Café, nous descendons à Boghari, il fait maintenant soleil,
nous avons une vue magnifique sur la ville, nous sommes plus au sud par
rapport à Masqueray, c'est assez désertique, nous arrivons au magasin
d'armement pour toucher notre équipement tout neuf, tente individuelle,
tenue camouflée, rangers, pataugas, des An/prc 10, des Trpp8, PA 9mm,
Mat 49, Mas 56, FM 2429.
Mardi 10 Février
: Il a plu toute la nuit, j'ai mal dormi, j'ai du prendre un
coup de froid, l'infirmier me donne des comprimés, ce matin tir à la
cible, ce sont des "Paras" qui nous font l'instruction. Cette
après midi, les gars partent au Class combat, moi je vais chez le
Toubib, j'ai le ventre en marmelade .
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la ville de Ksar el boukhari ex Boghari
sa situation stratégique fut considérable au
tempsde des luttes
entre l'Emir Abdel Kader et
les Français, le Ksar appelé
aussi le Balcon du sud évoque
déjà les
Châteaux Fortifiés Sahariens
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Mercredi 11
Février : Réveil 6h45, on va au "jus", à 7h45 cross, le
Pitaine prend la tête, il pleut toujours, c'est un vrai bourbier, nous
rejoignons le pas de tir toujours en petites foulées, là exercice de
tir, PA 9mm et PM, tirs par rafale et tirs coup par coup, les gars qui
tirent au FM sont allongés dans la boue, retour au camp à 12h30, ce
n'est pas la grande forme. Cette après-midi, leçon de secourisme, voilà
au moins quelque chose d'utile.
Jeudi 12 Février
: À 7h l'habituel exercice de Gym, 45mm de cross, après le
café, exercice de tir pour certains, pour d'autres escalade des
falaises à pic. Cette après midi, description d'un objectif et
exercice de progression par les Paras en montagne et en terrain
découvert, cette fois, comme au spectacle, on regarde, il fait
beau mais le temps est encore un peu humide, nous regagnons les tentes,
ce soir tir de Nuit à partir de 20h30.
Vendredi 13
Février : Ce matin après la Gym et avec les 3 autres
Radios, nous rejoignons les Sous/off et Officiers pour la mise en
oeuvre des postes de Radios, le Pitaine me pose quelques questions
en plaisantant, je crois qu'entre nous la glace est rompue, et
puis il va bien falloir cohabiter ! on rejoint le reste du commando
vers 10h, pour encore faire du class combat, projection avec le fusil,
attaque d'une sentinelle au couteau, étranglement, roulé boulé, j'en
passe et des meilleures... je commence à en avoir marre ! cette après
midi à 13h 30, nous partons pour La Vigie,
démonstration de tir par l'Artillerie qui est à 7kms 500 des cibles qui
elles sont à 500 mètres devant nous ! les obus tombent à 10m près du
centre de la cible, c'est impressionnant, puis c'est au tour de 4
Avions de continuer l'exhibition, cette fois la cible est réduite à 8
mètres de côté, c'est un Avion " Piper " qui les dirige dans leurs
tirs, ils lancent d'abord des bombes au Napalm, puis enchaînent avec un
tir de Rockets , enfin terminent leur mission à la mitrailleuse.
Nous suivons en grandeur réelle ce spectacle, dans un bruit d'enfer.
Tout çà a bien sûr pour but de nous familiariser avec ce qui nous
attend, le calme est à peine revenu que 3 Hélicoptères, "des Bananes volantes", nous passent au dessus
de la tête dans un bruit assourdissant, ce sont des Paras qui terminent
la mise en scène par un Héliportage sur le versant d'en face et qui
font leur cinéma en mimant l'assaut du piton, le spectacle se
termine, la nuit commence à tomber, il ne manque plus qu'un feu
d'artifice, "je plaisante...".
Samedi 14 Février : Ce matin, je
pars avec B... et le sgt C... plus 2 gars à Médea pour
chercher le reste du matériel, il y a 72kms, on arrive vers 11 h, le
magasin d'armement est fermé, il faut revenir à 15h, bon, on a le
temps, on se sépare, je vais casser la croûte avec B...., à 16h nous
avons récupéré notre matériel et nous sommes de retour au camion et là
surprise : le sgt et ses deux gars sont encadrés par la PM (police
militaire), le sgt C.. tient son mouchoir en sang sur le nez, et un des
2 gars à l'oeil fermé. il y a eu paraît-il une grosse bagarre en ville
avec des légionnaires, la PM remet son rapport au chef de convoi.
Malgré le bruit du GMC, j'entends vaguement l'histoire de nos 3
compères qui n'ont plus très soif, un légionnaire aurait mis la main
aux "fesses" de la serveuse, laquelle lui aurait retourné une
claque, là dessus s'en est suivi une altercation où le Sgt C... grand
seigneur, mais aussi castagneur, a voulu s'interposer, il s'en est
suivi une bagarre générale. Arrivé à Boghari, le Pitaine fait appeler
le Sgt C... qui a le nez quelque peu tuméfié, les deux autres prennent
la direction de l'infirmerie.
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Dimanche 15
février : 7h30, départ avec le sac à dos en marche
rapide vers le champ de tir, on tire quelques chargeurs, exercice de
progression avec tir instinctif, nous sommes dans une tranchée, juste
en dessous des cibles on perçoit bien le claquement des balles,
instinctivement on baisse la tête. On revient aux tentes puis on monte
vers le camp des Paras pour prendre une douche mais il n'y a pas d'eau,
on redescend, il est 12h30, cette après midi, repos, je vais au foyer
des Artilleurs avec P... j'achète un crayon à bille (j'ai pas mal de
courrier en retard), un tube de dentifrice et un tube de "pento", on
est dans une situation merdique mais on reste présentable. Dans
la soirée, la PM ramène de Boghari des sous offs qui faisaient le
bordel, décidément c'est la série. Le Capitaine gueule vers 19h lorsque
tout le monde est rentré, il nous fait rassembler avec armes et
"bagages", une boule de pain et une boite de pilchard pour
deux, on s'attend a une engueulade, la mise au point faite, on pense
que "c'est l'heure de la soupe", au lieu de çà, il commande aux chefs
de section, "Direction le piton d'en face"
à 3kms "En avant marche". Pour quelques
connards qui ont fait les cons, tout le monde est sanctionné. on
casse la croûte sur le piton, il fait froid, on fait tous la gueule, y
compris le Pitaine sans doute pas pour les même raisons , 30mn plus
tard, on reprend le chemin inverse.
Lundi 16 Février :
20mn de sport, puis après le café, 45mn de class combat avec les paras
qui ne nous font pas de cadeaux, l'instruction continue, ils nous
montrent comment préparer une embuscade, on monte jusqu'à la "Vigie".
J'achète du pain et un fromage, j'en donne la moitié à des gamins
qui nous collent aux basques.
Mardi 17 Février : Sports
habituels, ce midi : patates, petit pois et une orange, on retourne au
tir à 200m avec le MAS 56, j'en mets 7/10 dans la cible puis à nouveau
descente dans la tranchée qui ne dépasse pas 80cm, à nouveau, les paras
nous tirent au dessus, ça fait un drôle d'effet. Ce soir, je crois que
nous sortons en embuscade, nous préparons le matériel et je me couche,
on nous réveille vers 23h30, nous allons chercher le café et le
casse-croûte, on met la capote dans le sac, nous partons en direction
du champ de tir puis nous prenons une piste, on marche sur un terrain
rocailleux, vers 1h30, on se planque, 45mn en embuscade puis on
continue, le commando se divise en trois, nous ne sommes plus que 33,
nous repartons, on marche encore jusqu'à 4h30, on s'arrête pour
s'embusquer à nouveau, nous avons marché assez vite, une fois arrêtés,
on gèle, on s'abrite de notre mieux dans les buissons, le jour ne se
lève pas vite, nous sommes placés entre 2 mechtas dont l'une est tenue
par un groupe d'auto défense, le Pitaine et l'interprète remonte de
l'oued avec 2 gars qui font partie de l'auto défense, ils ont des
fusils de chasse, ils nous renseignent sur l'activité du secteur.
Dans le fond, on voit les lumières de Paul-Cazelles,
il fait encore sombre, on passe la communication aux autres sections de
continuer la progression, dans le bas, on commence à voir la plaine qui
s'étend, on descend en fouillant les mechtas, les deux autres
sections nous ont rejointes et marchent en formation de chaque côté de
nous. Le Pitaine me demande d'aller avec Aissa fouiller les mechtas qui
sont devant nous, c'est la première fois que je me retrouve en position
de voltigeur de pointe. Les voltigeurs sont des éléments légers qui se
trouvent en avant des troupes et de ce fait directement exposés, ce
sont eux qui ont payés le plus lourd tribut dans cette guerre qu'on
appelle "pacification". Nous rentrons
dans la mechta avec précaution, fusil à la hanche et le doigt sur la
gâchette et dans ce cas là, je fais corps avec mon fusil que je serre
de plus en plus fort, j'oublie que j'ai horreur des armes à feu. Les
femmes sortent, Aissa les interroge, elles disent qu'il n'y a pas
d'hommes à part un vieux qui est malade, on entre dans une pièce, il y
a des vaches puis dans le noir j'aperçois une paillasse, il est étendu
dessus, il gémit et a la figure en sang, on reste méfiant, Aissa
l'interroge, il dit faire partie d'un groupe d'auto défense, il a reçu
une décharge de chevrotines.
On rend compte au pitaine et on continue de visiter les autres mechtas.
On s'arrête pour manger, il est 9h, on sort la ration "Type E", puis nous continuons, après deux
heures de marche, on arrive au village du Caid, les paras nous
attendent avec les camions, on part vers 11h30 pour arriver à Boghari à 12h45. Cette après midi, nous
retournons au tir, on est crevé, ce soir au lit de bonne heure.
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Jeudi 19 Février
: Ce matin 7h, nous filons directement au champ de tir, on
commence à connaître le chemin du lieu de tir, et class- combat, c'est
class -combat tir, mais pour corser, c'est tir instinctif en slalomant
entre les piquets, à 11h30, retour aux tentes, la soupe a encore goût
de pétrole, l'après midi, à nouveau tir au PM en marchant coup par coup
et par rafale, lancé de Grenades offensives, retour au camp, il est
17h30, il ne fait pas chaud mais j'ai reçu un mandat et çà, çà
réchauffe.
Vendredi 20 Février : Ce matin
nous embarquons les munitions pour aller tirer à la Vigie, on installe
les cibles, on a 8 chargeurs de PM chacun, à 30 mètres, on passe à 80m
avec le MAS 56 , je vide 5 chargeurs, on commence à mieux maîtriser
tout cet arsenal , j'espère qu'on aura pas à s'en servir. On revient
vers midi, cette après midi, nous sommes chargés de faire une
démonstration devant les autres commandos qui sont également en stage, pourquoi nous !!!... aucune idée. Nous
commençons à progresser vers les cibles à 500m , les 3 sections en
formation avec les distances réglementaires, la leçon est bien apprise,
quand soudain, venus de derrière nous, 3 T6 nous plongent dessus et
lâchent des Rockets à 100m devant nous puis du Napalm à
200m, là on a appris qu'il valait mieux se coucher , nous
progressons toujours en direction du piton et des cibles, nous ne
sommes plus qu'à une centaine de mètres quand les T6 reviennent à
nouveau, ils mitraillent à environ 60m devant nous, les douilles nous
tombent sur la tête et là nous terminons en beauté, c'est prévu dans le scénario, nous montons à
l'assaut en courant, autant qu'on peu quand la pente est à 70% ...
tirant sur les cibles et gueulant de toute nos forces comme des tarés ,
c'est dans le manuel! il paraît que çà impressionne l'adversaire, bon,
on est en haut et puis ce n'est qu'un exercice , simulacre de blessés
donc intervention sanitaire des Hélicos Sikorsky
, l'exercice est terminé, doit t'on applaudir ou ..!!! . si c'est pas
encore la guerre, ça y ressemble. En arrivant aux tentes nous apprenons
que nous sortons cette nuit à 1 heure.
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Samedi 21 Février
: Réveil 1h, départ 1h30, on nous emmène en camion vers Boghari , à la sortie de la ville, on prend un
indicateur, à une quinzaine de kms de la ville tout le monde
"gicle" des camions, on marche environ 1h sur la route puis on prend la
piste, encore 45mn, on arrive au pied de la montagne , encore 30mn de
marche, on voit des mechtas en direction de la crête, le capitaine
dispose les sections de façon à boucler les différentes pistes puis on
s'allonge au sol, il fait froid, j'ai les pieds gelés, dès le lever du
jour, l'ordre est donné aux sections d'avancer en fouillant les
mechtas, déjà on voit un feu s'allumer, aucun doute c'est un signal
d'alarme , des groupes d'hommes partent avec du troupeau, on en arrête
quelques uns, d'autres se sauvent, çà ressemble à une fuite, il y a des
coups de feux de tirés. On regroupe les suspects, il y en a qui portent
des vêtements militaires, aucun doute dans le tas, il y a des Fellagas , on les emmène, une vieille femme
s'accroche à un homme qui doit être son fils, elle crie, elle pleure,
Aissa tente de la calmer, elle se traîne à ses pieds, elle supplie, elle veut partir avec son fils, ça me
fait mal... qu'est ce que je fais dans
ce monde de brute,bon ! Aller,
c'est pas grand chose mais je donne à la grand mère le reste de mon
pain et une boîte de sardines. Quand tout est ratissé, on monte
sur le piton pour rejoindre la plaine que l'on voit en bas
à environ 3kms, on y arrive vers 9h, on monte dans les camions,
j'ai un peu mal aux jambes, on arrive à Boghari à 9h30, pas le
temps de respirer direction le tir, on est crevé, le tir terminé, on
revient à pieds. Mon ami P ... qui était consultant va chercher la
soupe, on est vidé. Cette après-midi, quartier libre. J'écris à ma
famille, je me couche, j'ai mal aux pieds, ce soir il fait beau mais
froid, je vais bien dormir.
Dimanche 22 Février : Lever 8h30,
je vais chercher le café, il y a des gaufrettes et de la compote, à 10h
direction les douches, ça fait du bien, nous posons une permission pour
descendre à Boghari, on met nos treillis touts neufs. Vers 11h30,
un convoi arrive de Masqueray, il y a les DLO ( détachement léger
d'observation), ils sont chargés de diriger sur le terrain le tir
éventuel de l'artillerie mais le plus intéressant, c'est qu'ils nous
apportent la paye. Il y a des déceptions, on devait toucher 9000frs et
ce n'est pas le cas, paye inchangée mais j' ai en plus une paire
de chaussette jointe à la mienne, à 15h30 on descend avec les camions à
Boghari direction les Caboulots. Durand arrose sa première paye de
Sergent, on se promène, on a vite fait le tour, on casse la croûte dans
un autre café puis en reprend les camions. A 18h on est tous
passablement éméchés mais ce n'est pas fini, on descend au foyer et là
c'est le coup de grâce. En rentrant, j'ai reçu un colis avec le
courrier de l'ouest et l'intérêt Choletais, je les lirais
demain.
Lundi 23 Février
: Aujourd'hui sport, mais comme le capitaine est parti à Medéa , on
s'octroie quelques raccourcis sur le parcours de cross, pendant que la
compagnie prend la direction du champ de tir, nous on reste à la
disposition de l'adjudant de compagnie. Ensuite un peu de ménage, la
toilette, réponse au courrier, lecture des journaux, déjeuner, sieste,
à 14h, on entend l'appel au rassemblement, on se lève mais la section à
côté est déjà partie, on se recouche, çà s'appelle "Bulle totale" toute
la journée. Demain nous devons sortir en OP à 4H30.
Mardi 24 Février : Ce matin départ
4h45, on prend les camions avec les paras, on s'arrête après Susonie, on prend la piste en file indienne, on
passe sous les couverts d'arbres et de grands buissons, je mets mon
arme à la hanche. A 9h, on s'arrête sur une crête, on casse une petite
croûte puis on continue, les sections crapaütent, la 1ère à notre
gauche, la 3ème à droite. A midi, on s'arrête sur un autre piton que
l'on a escaladé avec peine, on sort la boite de ration, 15mn
après, on continue la progression dans des taillis pas très épais,
quand soudain ..., on entend une rafale
sur la gauche de la 1ère section puis un tir plus nourri , de
notre position, on peut apercevoir entre les buissons des fuyards qui
courent vers l'oued poursuivis par les voltigeurs de la 1ère, par
radio, ils nous annoncent 2 rebelles hors de combat, ils ont récupéré
un pistolet Beretta et 4 balles dans un mouchoir ...
hum! mais aussi et plus important, un fusil Mauser , une arme
allemande très précise. (j'aurais personnellement et à mes
dépends l'occasion de m'en rendre compte plus tard) un des gars à un
blouson kaki, dedans, il y a un carnet de renseignements sur les
mouvements militaires de la région, plus loin dans une cache trouvée
par l'indicateur de la 2ème section, il y a des couvertures, des
gamelles, des médicaments, des papiers et des vêtements kakis.
Vers 16h, le 435ème RAA, régiment d'artillerie, accroche un groupe de
rebelles, à 3kms devant nous, on voit les avions qui piquent en
mitraillant. Le RAA annonce à la radio, 3 rebelles hors de combats et
un prisonnier, 2 fusils Garant un Mauser et un fusil de Chasse ont été
récupérés à 17h30, on décroche, on reprend la piste puis on attend un
OBR (véhicule blindé léger )qui est en panne, soudain un coup de feu
nous fait sursauter, un gars vient de tirer sur une horde de sanglier
(environ sept) qui viennent de passer dans les buissons juste en
dessous de nous, mais ...raté !!!!!!!!!!!. Les gars de
l'artillerie passent devant nous avec les armes récupérées et le
prisonnier , leurs hardes tranchent avec notre nouvelle tenue ,
ils sont plutôt mal habillés, des vêtements déchirés, on dirait des
clochards, ils ont l'air crevé, ils prennent les premiers camions,
on prend ceux qui suivent. Les chauffeurs des camions nous
apprennent une triste nouvelle, lorsque les camions qui nous ont amenés
ce matin sont rentrés, un a quitté la route, a percuté des arbres et
est tombé dans le ravin, l'escorte du convoi, 8 paras sont morts,
5 autres dont le chef de convoi et le chauffeur sont grièvement
blessés. on apprend aussi que lors de l'opération, 2 gars du 2ème
Bataillon du 2RI ont pris une rafale PM, ils sont grièvement blessés.
Triste journée, il commence à pleuvoir, le temps s'est refroidit. Le
capitaine nous réunit, il nous fait un petit discours sur les tristes
événements de la journée.
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Mercredi 25
Février : Réveil 6h30, il fait un temps de chien, il
ferait bon rester au lit, dommage, rassemblement 7h puis la routine,
marche forcée en petite foulée sur la piste puis cross dans la gadoue,
le pitaine est en tête, on a intérêt à suivre. Petit déjeuner avant le
rassemblement, 8h15, remaniement d'armes, démontage, remontage tout çà
sur la toile de tente étalée par terre, il pleut, évidemment , on tire
quelque cartouches pour vérifier qu' on a pas mis le canon à la
place de la crosse, retour aux tentes 11h15. Les DLO vont chercher la
soupe, il y a des lentilles en salade, le reste est dégueulasse. 13h45,
re-champs de tir jusqu'à 16h sous la flotte, on rentre, le terrain est
un vrai bourbier.
Jeudi 26 Février : Rassemblement
devant les tentes et culture physique, mouvements sous la direction du
Pitaine "remuez vous tas de fainéants
1..2...1...2" quelle santé! Aussitôt après, on va chercher les
munitions pour le tir, moi qui n'avait jamais tiré un coup de fusil
même dans un stand à la St Denis place Travot, je suis servi, le plus
triste, c'est que l'on commence à y prendre goût . Les camions ont de
la peine à avancer dans ce bourbier, arrivés à la Vigie, on met les
cibles et on commence à tirer au FM, je tire 3 chargeurs avec quelques
traçantes, on a terminé vers 10h30, retour aux camions, cette après
midi, lancer de grenades en ordre serré uniquement pour les sections,
j'en profite pour nettoyer mon fusil.
Char... nous apporte une mauvaise nouvelle, ce
soir nous partons en OP à 11h30 entre Boghari et Letourneux dans
la zone interdite, on nous réveille à 11h. Je prépare mon sac, au
dehors les Ford ronflent déjà, on prend la direction de Boghari, le
camion devant nous se traîne, le nôtre est obligé de le pousser, vers
1h, on arrive à la batterie d'Ain Kerba ,
on "gicle" des camions pour prendre la piste, la marche est pénible, la
terre colle aux godasses, on marche sans s'arrêter, jusqu'à 4h, on
monte, on descend . On avance avec précautions sous les arbres, c'est
une forêt de pins, il faut toujours s'attendre à une embuscade, on
arrive à l'endroit prévu pour la halte, je suis crevé, trempé de sueur,
ma veste matelassée est traversée, on s'installe dans les broussailles.
Je prends le premier tour de garde, la terre est humide, je déplie ma
toile de tente, je termine le guet à 5h. Je réveille Quef .... puis
j'essaie de dormir, il fait froid, ma chemise me colle au corps,
bientôt je grelotte, à 7h on repart, on ratisse quelques mechtas vides,
nous sommes en zone interdite, à priori, il n'y a personne à part
2 vaches que nous récupérons. Finalement, ce sont les artilleurs d'Ain
Kerba qui les gardent, on rentre, il est 12h30, Crevééé...!!!.
Samedi 28 Février : Grand
nettoyage de la tente, nous devons avoir la visite du Général ROI avec son Colonel, mais en
attendant, on reprend les bonnes habitudes, donc exercice, mais cette
fois lancer de grenades quadrillées MK2, puis on "bulle" auprès des
rochers en attendant le départ du Général, cette après midi, exercice
en ordre serré pour les sections, pour nous, c'est "bulle", je me
couche.
Dimanche 1er Mars : Grasse
matinée, je me lève à 9h B... pulvérise le record 11h30, le
petit déjeuner est bon, 4 biscuits chacun, de la compote et du café au
lait, après la toilette, la réponse au courrier, cette après midi, on
rejoint l'équipe de foot, L... descend avec un S/lt à Boghari, il nous
remonte un fromage et des cakes, on se couche de bonne heure, il
commence à pleuvoir.
Lundi 2 Mars : Ce matin sports
habituels, petit déjeuner et départ pour l'exercice, ramper sous les
barbelés, sauts d'obstacles et j'en passe et des ... , ensuite
instruction sur le terrain, notre patron (le pitaine ) n'est pas là...
donc on dégage discrètement pour se détendre dans les
lauriers roses qui baignent dans l'oued, on prend le temps d'admirer la
nature, Boghari c'est le dépaysement total, d'un coté c'est le désert,
de l'autre un massif de pins verdoyants . On remonte vers 11h30. Cette
après midi, nous retournons au champ de tir, encore simulacre d'assaut.
Les FM qui sont censés nous couvrir tirent de chaque coté de
nous, les voltigeurs de tête balancent des grenades,
pendant que les lances grenades pilonnent le soi disant ennemi, tout ça
dans un bruit d'enfer puis on nous montre comment fabriquer des pièges
avec des grenades, Ah maman ! Si tu
voyais ce que ton fils est obligé de faire..., retour au
camp, les sections ont inspections d'armes.
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Mardi 3 Mars
: C'est le dernier jour de stage, nous rangeons le matériel, le Général Roy doit venir assister à la dernière
démonstration, direction le champ de tir, nouvelle répétition de
l'exercice de l'assaut, la 1ère et la 2ème section viennent de passer
quand la 3ème s'engage, sans doute motivée par la présence du
Général, elle réalise le meilleur temps, nous partons ensuite pour le
Class Combat, là aussi le Général nous suit, nous rentrons au
campement. Vers 12h30 après avoir mangé, nous allons chercher les
vaches que nous avions laissées chez les artilleurs à Ain Kerma , c'est du sport pour les monter dans
les camions, une vraie corrida, heureusement que chez nous il y a des
gars de la campagne. Ce soir, je vais faire un tour au foyer avec
Johnny puis nous restons pour assister à la séance de cinéma "
Ouvert contre X" puis direction " le plumard", il est 11h30, il fait un
peu de vent.
Mercredi 4 Mars : Ce matin réveil
6h15, départ pour Masqueray , nous
finissons de plier les lits, nous montons notre matériel sur le 4x4, le
convoi est formé à 9h30, nous partons vers 11h30, nous passons Mougebeur , Berrouaghia, Stephen gells et Masqueray
, nous arrivons à la Maison Forestière à 15h30, le temps de
ranger le matériel, nous regagnons notre grenier et notre paillasse qui
nous semble douillette, à côté des lits picots de Boghari , une
surprise nous attend sur la cheminée au dessus de nos lits, un couple
de cigognes vient de s'établir, on a pas fini d'entendre claqueter
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