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Chez
"Dolly" Arrosage de la
Banane à Pâquereau
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Samedi 16 Mai
: Aumale : J'ai préparé mon paquetage et je me dirige vers les camions,
je retrouve les copains et mon Pitaine qui comme à son habitude ne fait
pas de grands discours... "Ah! Brian...ça va..?" je réponds sur le même
ton "Ca va, mon Capitaine", puis c'est le départ du convoi comme
d'habitude arrêt à la 9ème compagnie Dechmia puis à la Tour Merieme,
arrivé à la maison je m'installe, Perr... n'est toujours pas rentré de
permission, il fait de la furonculose paraît-il, ça fait bientôt 45
jours qu'il est parti. Les sorties reprennent, cette nuit, on part du
côté de Maginot près de l'endroit où Si Cherif s'est fait accrocher il
y a quelques jours , les camions nous laissent sur la piste, vers 3h30,
il commence à pleuvoir, le terrain est assez désertique,
accidenté et parsemé de rochers. Les sections se dispersent, il est
5h30, nous restons avec la 1ère section, nous prenons le flan gauche de
l'oued, la 2ème section est en bas et la 3ème sur le
versant opposé à 700m.
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Vers 6h, nous apercevons devant nous à environ 1km une palmeraie qui
semble assez importante, la 2ème section qui est dans le bas commence à
prendre ses distances pour ne pas se faire repérer, la 3ème est déjà
arrivée sur l'objectif et commence à descendre, on voit les gars qui
entrent dans la palmeraie, aussitôt, il part des coups de feu, le
capitaine nous fait accélérer pour barrer la route au cas où des
fuyards viendraient de notre côté, on prend position juste devant la
palmeraie, nous sommes planqués dans les rochers. En effet, à
150m, des rebelles tentent de se replier vers nous, il sont
accueillis par le FM, à côté de nous Bois..., le tireur
d'élite avec son fusil à lunette, fait mouche à tous les coups. Vers
9h, le ratissage est terminé quand le Lieutenant de la 3ème annonce par
radio un blessé grave chez nous et demande l'hélico d'urgence, c'est le
sergent Boun... mortellement blessé, alors que tout était terminé, il
s'est fait tirer dessus par un rebelle allongé au sol qu'il croyait
mort, celui ci est aussitôt abattu. Bilan : 11 rebelles hors de
combat, des fusils sont récupérés des armes de chasse, 2
fusils 303, 2 Garands, et surtout 1 PM40 Allemand .
L'interrogatoire qui suit laisse penser que cette bande a
participé à l'embuscade contre Si Chérif
. Les jours se suivent et se ressemblent, nous sommes sortis 3 jours en
OP vers Bérrouaghia, il y a une
concentration rebelle très importante, plusieurs régiments sont dans
l'opération, l'aviation est intervenue pendant 2 jours chez les
rebelles, on dénombre, 90 tués et 30 prisonniers, chez
nous : bilan inconnu , sauf 2 européens du commando Kimono 12 que nous avons libérés.
Ils avaient été fait prisonniers par les Rebelles au premier jour
de l'accrochage, ils sont morts de fatigue, complètement hagards,
l'un a été blessé accidentellement par un rebelle, l'autre a été blessé
par des éclats de rockets tirés par l'Aviation. Le dernier jour, on
ratisse le terrain, il y a des cadavres qui commencent à gonfler un peu
partout. Ce soir nous décrochons, nous arrivons à la compagnie à 0h
30, exténués... comme d'habitude!...
1 jour de repos et il est 1h30, direction la plaine de Béni Slimane , il fait un beau clair de lune,
en passant devant une mechta, on récupère un gars qui est soupçonné
d'héberger des rebelles, à 4h30, on encercle un Douar, j'ai un mauvais
pressentiment, je sens la poudre... mais non ! vers 8 h on
s'arrête sur un piton, on contrôle une trentaine de civils, Dupér...
essaie de collecter des renseignements... RAS . En arrivant à la
Maison, on a une mauvaise nouvelle le Sgt
BOUN... est décédé..., la nouvelle est triste, c'était notre
voisin, il était au grenier à côté de nous, on est chargé du nettoyage,
on brûle ses vêtements, on enlève du mur les photos de sa famille, de
sa fiancée que l'on donne au Pitaine avec les lettres et ses papiers
personnels, c'est très émouvant, avec Johnny on se regarde sans dire un
mot... "Aujourd'hui c'est lui ...et demain..",
mais c'est vrai que dans le feu de l'action, on ne pense pas à la mort mais plutôt à sauver sa peau
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L'Infirmier
Milw... met le
blessé en position de sécurité avant l'évacuation
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Cette nuit, nous
sortons vers les Ouleds
Mérieme, on se retrouve à 2h30 du matin dans le djebel vers la cabine
Sanitaire sur la route de Maginot , nous sommes en bouclage d'OP, c'est
Kimono 12 qui a ratissé le terrain et a accroché une bande, il y a une
dizaine de rebelles hors de combat, il a récupéré les armes. Lors de
cette OP , un drame a failli se produire , alors que nous étions en
observation, nous n'avons pas réussi à identifier un groupe qui se
déplaçait sur notre gauche à environ 800m, alors qu'à cet endroit il ne
devait y avoir personne, notre DLO (Détachement Léger
d'Observation) commande un tir d'Artillerie avec un premier obus
fumigène, "bien lui en a pris", quelques minutes plus tard, nous
entendons le frissonnement de l'obus qui nous passe au dessus de la
tête et qui vient exploser à proximité du groupe qui cavale dans tous
les sens, on voit la fumée rouge du fumigène qui s'échappe
aussitôt. Nous recevons un appel Radio : "Cessez le Feu nom
de Dieu, c'est Kimono 12..!"aussitôt, le DLO rappelle la Batterie qui
s'apprêtait à envoyer un 2ème obus, réel cette fois. " OUF.. ils l'ont
échappés belle..!mais il y en a qui vont se faire engueuler" aussi, à
partir de ce jour, nous portons des panneaux d'identification
appelés " panneaux Aviation" Rouge et Noir .
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Nous reprenons les camions aux Ouleds Merieme,
repos toute la journée. Ce soir nouveau départ, à 22h, Paoli(l'indicatif du Bataillon) s'arrête avec
les camions devant la Maison Forestière,
nous feignons de monter dans les camions mais nous nous planquons
dans le fossé, les camions repartent vides... et ... nous prenons à
pieds la piste du Bougaouden, vers 23h30,
nous nous plaçons en embuscade jusqu'à 1h30, puis nous repartons vers la plaine de Birabalou, vers 6h, nous sommes
dans la plaine, les sections commencent le ratissage des mechtas, la
2ème section trouve une cache, dedans il y a un PA
et des vêtements kaki, plus loin, un type se "taille" à cheval et
réussi à s'enfuir malgré les tirs. Le Pitaine nous fait installer sur
une hauteur, nous voyons en dessous de nous les sections qui
ratissent dans un Douar, plus loin à 800m des gens s'enfuient, les
avions T6 commencent à tirer. Vers 9h30, nous arrivons aux
camions, nous sommes HS, morts..., il faut encore contrôler les civils,
il y en a une cinquantaine, nous retenons 5 suspects. On arrive à la
Maison à 11h, on a droit à un café au Rhum... et 2 Jours de Repos
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"Section
Rouge : ici Vert... la Chasse est ouverte, y a des Perdrix dans le coin
..!"
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le
Bordelais avec son Panneau d'identification Rouge et Noir
" On est OU
mon lieutenant..?"...."Attendez je cherche l'Autoroute ..!"
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Le 20 Mai
, je descends à Aumale, je vais voir les copains infirmiers,
Estella a quitté la clinique et Aissa n'est plus au 2ème bureau,
il est reparti chez lui... c'est à dire ... au devant de la mort,
égorgé entre 2 rangs de vignes, c'est le sort réservé aux traîtres.
Nous reprenons la route pour Masqueray , la chenille du Half Track de
tête s'est bloquée, il a pivoté sur la route malheureusement coté
ravin, après de nombreux tonneaux, le Half Track s'est disloqué 20m
plus bas, les corps sont écrasés, le spectacle
n'est pas beau à voir, il y a 3 morts et 5 blessés , le chauffeur, un
appelé du contingent est décédé, parmis les blessés également 3
appelés. Les Hélicos arrivent, un grand silence ... règne sur le reste
du trajet.
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