Vendredi 13 Mars :RAS. on récupère. Bi... qui nous apporte une "bonne nouvelle" ... on sort demain matin à 2h, bon faut pas se laisser surprendre, je prépare une nouvelle fois le matériel.
 
Samedi 14 Mars : Réveil 1h30, départ 2h15, on prend la route d'Aumale , puis nous prenons la piste, après 2 ou 3kms, nous arrivons sur un douar, les sections manoeuvrent discrètement pour l'encercler, il est 5h45, les voltigeurs commencent à fouiller les mechtas, le village est abandonné, ils ramènent seulement un pauvre diable affreux qui ressemble à Quasimodo. Le jour commence à se lever, on revient en arrière   pour prendre une autre crête où il y a d'autres mechtas, un groupe d'hommes s'enfuit en courant, le FM les allume mais ils sont au moins à 500m, ça sera pour une autre fois ! on rassemble les civils qui restent pour le contrôle et les questions d'usages. Les véhicules viennent nous chercher, Goutere.. est à la jeep mitrailleuse, on arrive à la Maison à 11h, on va directement à la soupe. Un hélicoptère vient d'arriver, j'envoie mon courrier, 12h30 je me couche.
 
Dimanche 15 Mars : Ce matin repos, l'après midi, je descends avec Per.. voir nos copains des transmissions, ils nous annoncent que nous avons OP cette nuit, on va vider quelques Bibines au bistrot "chez Doudou", on remonte vers 17h30 pour préparer le matériel et au Dodo de bonne heure.
 
Lundi 16 Mars : Réveil 2h30, départ avec 2 ralliés, l'un des 2 est fils d'instituteur, il nous sert d'interprète, l'autre était collecteur de fond du FLN, ils ont des surnoms Tar...et Dup...  ces 2 copains vont devenir nos amis. Tar... a un pistolet mitrailleur Thomson avec des balles de 11/43, tu prends une balle de ce calibre ne serait-ce que dans la main, tu tombes... Après avoir crapaüté sans arrêt, nous avons traversé le Bougaouden, on arrive dans la plaine de Birabalou au petit jour, nous commençons le ratissage. Tar... et Dup.. sont devant nous, quand nous entendons le bruit caractéristique de la Thomson, Tar... vient d'abattre un fuyard à 50m. Tar .. qui connaît bien la région nous dit que c'est un commissaire politique, quand on a tout ratissé, on s'arrête à la dernière mechta pour le contrôle et les discussions d'usages . Ils sont une cinquantaine, on garde 12 suspects, collecteurs de fonds, hébergeurs, guetteurs, à 19h, on plie tout et on repart direction le piton, il commence à pleuvoir, il pleut si fort que l'on s'arrête un 1/4 h. Quelque temps après se lève un clair de lune splendide, on y voit comme en plein jour, on repart en fouillant les mechtas, sur le bord de la piste, on arrête encore un collecteur de fond, difficile pour lui de nier, il a une belle somme d'argent sur lui, décidément il y a beaucoup de collecteurs dans le coin, il faut dire que la plaine est riche et très fertile, il y a beaucoup d'agriculture. Il est 23h30, on marche encore.
 

 
Section au Repos
 

Mardi 17 Mars : On s'arrête, il est 1h30 pour fouiller une mechta fortifiée (relais fellagas paraît-il) mais il n'y a rien, on continue jusqu'à 4h30, enfin on s'arrête, le clair de lune est superbe, je mets mon poste en batterie, je dors un peu.  A 6h30, on reprend la marche, la 2ème section fouille des mechtas en contre bas mais il n'y a rien, de notre position, on voit au loin la route mais il y a encore 3 grandes crêtes à passer avant de l'atteindre, on y arrivera vers 9h30, on monte dans les camions qui attendent, on arrive à la Maison à 10h30, on est crevé mais on nous dit de rester en alerte, je mange un peu et je me couche, à 13h30, on vient nous dire que nous partons à 14h15, c'est gai ..! les camions nous emmènent, nous sommes sur le terrain à 15h30, on marche jusqu'à 16h45, on s'installe sur un piton, on voit les avions "Mistrals" qui bombardent, à 19h on reprend la progression, on passe une mechta mais le Pitaine en cherche une autre  mieux placée, finalement à 22h30, on est dans une mechta plus minable que la première, c'est l'écurie, nous enfonçons dans la merde, dans un coin il y a des fagots de bois, nous les dispersons au sol avant de nous allonger dessus. J'installe le C9, je prends la vacation jusqu'à minuit.
 
Mercredi 18 Mars : A minuit, je réveille Per... et me couche..! on repart à 6h, après une belle petite marche ... on arrive à la Tour des Ouleds Mérieme , il est 10h30, on est tous crevés, on passe la dernière "Barrière de rocher" en rampant ("la Barriere" à droite sur  la  photo ci dessous, côté opposé  la pente est abrupte), les camions nous attendent sur la route en bas de la tour, certains hommes ne tiennent plus debout.
Cependant une surprise de taille nous attend, un lieutenant du 2ème Bureau d'Aumale est en compagnie du Cdt, il appréhende les gars qui arrivent aux Bahuts et nous demande à tous de vider nos sacs,  des liasses de billets sortent des sacs des gars de la deuxième section  devant nous médusés.... Qui a vendu la mèche ? et qu'est devenu cet argent qui aurait pu améliorer notre ordinaire ? ce jour là  les gars de la 2ème section ont faillit gagner  le jackpot...

 



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La Tour au col des Ouleds Mérieme,
La barrière rocheuse
 
"En haut à droite"... on s'en rappellera de cette barrière..!
 

 

Jeudi 19 Mars : RAS, le Pitaine a eu pitié de nous, il a demandé au Commandant que des gars montent de Masqueray pour assurer la garde. Aujourd'hui et demain : repos total.
 
Samedi 21 Mars : Je n'ai pas récupéré, ce soir je suis de garde de 23 h à 1h, je grelotte dans le poste de garde, je suis malade, ce matin je me porte consultant à l'infirmerie de Masqueray, nous sommes 7 du commando, le capitaine médecin passe, j'ai 38°9, ce soir je mange un peu, je ne peux pas dormir.
 
Lundi 23 Mars : Ma température a baissé, Maurice C.... vient me voir, c'est un Choletais, il est agriculteur.  Vers 10h, je me lève mais la tête me tourne, je me recouche, le médecin passe vers 17h30, je "pousse" un peu le thermomètre... 38°..!
 
Mercredi 25 Mars : Le Pitaine vient nous voir, il me demande quand je sors, j'ai compris... je range mon paquetage et je prends le 4x4 qui monte à la maison. Je préviens le Pitaine de mon retour, il est devant une carte en briefing avec les chefs de sections. Les copains m'annoncent que nous sortons cette nuit à 2h, on prend la piste du Bougaouden, celle qui est en face de la Maison Forestière tous en file indienne,  vers 5 h, le Pitaine demande aux sections de prendre leur position, nous restons avec la 1ère section, nous stoppons sur l'arrête d'un monticule, la 2ème section est en position à gauche, dès que le jour se lève, la 3ème section commence à descendre vers un groupe de mechtas, il devait y avoir un guetteur car nous entendons des hurlements, aussitôt des gars sortent des mechtas en courant, ça commence à tirer, les fuyards, très mal inspirés ,  courent dans la direction de la 2ème section qui commence à canarder, de notre position, on peut voir 2 rebelles qui viennent de tomber, bilan 3 rebelles tués dont le commissaire politico militaire du secteur, un gradé très important, on le monte en travers d'un âne pour le ramener. Arrivé à Masqueray,  il est exposé sur le capot d'un GMC  devant la Gendarmerie afin que la population le voit, pour le Commandant, c'était l'homme à abattre, il défiait les militaires depuis des mois, extrêmement méfiant, il était réputé imprenable, pour cette raison la prise est importante,  pour la population, çà doit être la preuve que même le meilleur n'est pas invincible. Les gens défilent devant ce pauvre corps toujours exposé sur le capot du GMC, c'est plus tôt morbide.

 
                                                                                                                                                               Cliquez sur l'image pour l'agrandir                                                                                        

Vendredi 27 Mars : J'ai un mandat à aller chercher, je reviens de Masqueray , le commando est en alerte, le 1er bataillon a accroché une section de la Katiba 611 qui est retranchée dans un douar fortifié, nous attendons les Hélicos , on décolle à 11h30, on prend la direction de la plaine de Birabalou à peu près à l'endroit où on était le 25 mars, les hélicos nous déposent sur un piton, la 1ère section prend la crête à gauche, la 2ème la crête à droite, nous restons avec la 3ème, on crapaüte encore 30mn, on commence à entendre des coups de feu, le Pitaine commande aux sections de progresser à couvert,   nous prenons contact avec le 1er bataillon qui nous attendait pour commencer le ratissage, nous descendons la pente, nous pouvons apercevoir à 700m environ, un douar avec une grande mechta en pierre, nous prenons position dans les broussailles juste avant un grand  terrain découvert, l'ordre est donné de se planquer, en effet tel que nous sommes positionnés, ils sont pris en tenaille, on voit dans le fond le 1er bataillon qui avance avec les tirailleurs d'Ain Bessem , "s'il y a des fuyards, c'est pour nous" ...
 
Ca commence à canarder, on entend des bruits de grenades et "qu'avais-je dit...", les rebelles sortent des mechtas et se replient droit sur nous, il y en a une vingtaine, à la radio, le Pitaine demande aux sections  d'attendre qu'ils s'approchent, le terrain légèrement en pente descend vers la mechta, planqués à la lisière des buissons, c'est un vrai boulevard que nous avons devant nous, avec de la rocaille et des gros rochers. L'attente est stressante, quand soudain le groupe de rebelles qui monte bifurque sur sa gauche   pour rejoindre le couvert des buissons, ils sont à une quarantaine de mètres de la 2ème section quand celle-ci ouvre le feu, des rebelles tombent, d'autres essaient de s'abriter derrière les rochers, çà canarde de partout, c'est comme au champ de tir mais là, les cibles, ce sont des hommes comme nous, c'est un vrai carnage, putain de guerre..! 
 
Le tir se calme, le pitaine demande à la 1ère section de descendre pour commencer à ratisser prudemment, c'est pas parce qu'on est allongé qu'on est mort, encore quelques coups de feu puis plus rien, un grand silence de mort qui est presque troublé par les oiseaux qui reviennent, s'installe, il y a 22 corps allongés, avec les autres unités le bilan est de 33 rebelles tués dont un lieutenant et un aspirant, le 1er bataillon récupère 27 suspects, nous prenons la direction de la route de Masqueray pour prendre les camions, nous arrivons à la Maison à 19h15, on va au foyer prendre une "bibine", on discute des événements de la journée.
 
Dimanche 29 Mars : Réveil 6h, départ 6h30, l'OP d'hier a fourni des renseignements, il y aurait une cache d'armes  du coté des Ouleds Mérieme. À Dechmilla, nous prenons en charge l'indicateur qui nous amène à une cache vide,  il reste une caisse marquée MG42, c'est un fusil mitrailleur dernière génération qui peut se transformer en mitrailleuse, c'est tout nouveau, on a pas encore ce type d'armes dans l'armée Française, le Pitaine fait la gueule. Il paraît qu'il y a des avions !!! ... qui approvisionnent les rebelles et que ces armes proviendraient d'un largage, nous reprenons à pied la direction de Masqueray. On suit l'oued, les sections ratissent de chaque coté, quand soudain ...des cris ... "devant! devant!"... puis  une série de rafales de Mat qui part, c'est le Sgt Ségu... qui vient de tirer, il vient d'abattre un fellaga, il avait un PM40, il n'a pas eu le temps de s'en servir. Il faut dire que le Sergent Ségur... est un costaud d'une trentaine d'année, il était mineur de fond avant d'entrer dans la légion et je préfère être avec lui que contre lui, (lors de l'OP du 12 Mars, il a menacé son équipe de voltigeurs de leur tirer dessus parce qu'ils  rechignaient à avancer).  on récupère aussi 2 grenades, des pièces d'identités, un passeport FLN, des photos ou  il y a des hommes en armes avec le drapeau FLN. Nous sommes montés dans le GMC avec des gars de la 1ère section, ils ramènent une caisse d'oeufs, des boîtes d'allumettes, des kilos de sucre, de la farine et 4 poules, une vrai razzia, on arrive à la Maison vers 3h, on est comme d'habitude, crevés.
 
Lundi 30 Mars : Aujourd'hui repos, ce matin relax à la chambre.., quand, on entend de grands éclats de voix en dessous, il semble que ça barde chez le Pitaine, un peu plus tard, mon Bir.. toujours curieux, va aux nouvelles, il se passe que tout le ravitaillement que les gars ont ramené de l'opération d'hier a été pris de force dans une  "épicerie", le gars s'est présenté ce matin à la barrière du camp pour se plaindre et il est tombé sur Rain.. un gitan qui parle tout juste le Français et encore moins l'Arabe et dans la confusion, volontaire ou non, il a caressé les côtes de l'Arabe avec sa Baïonnette, résultat l'épicier est dans le bureau du Pitaine  et surtout il saigne ... le Pitaine est dans tout ses états, il avait prévenu tout le monde "nous ne sommes pas des gangsters " qu'il ne tolèrerait aucun acte inutile de brigandage ou molestage de la population,  çà va mal aller pour Rain.. qui prend sur le champ 8 jours de prison à la Gendarmerie de Masqueray "l'épicier" est descendu à Masqueray pour se faire soigner, on lui a restitué tout ce qui lui a été dérobé... c'est moral..! bon... mais la guerre c'est la guerre, on a quand même gardé un poulet pour améliorer l'ordinaire à midi, moi je n'y touche pas, je me sens pas bien, les gars font la sieste moi, j'allume le feu, je suis gelé, je me couche, ce soir il y a de la purée, je mange et je me couche vers minuit je vomis tout, heureusement Aissa est debout "Ramadan" oblige, il me donne un coup de main, je suis vidé.

 
 

Mardi 31 Mars : Réveil 1h30, départ 2h direction le Dyra, la nuit est noire, il fait froid, le temps est épouvantable avec du vent et de la pluie, on marche sur la route et on prend la piste, nous en file indienne, je suis avec le poste de radio juste derrière le Pitaine , on a de la peine à voir celui qui nous précède, la pluie et le vent nous fouettent, nous prenons le sentier fait de creux et de bosses qui longe la rivière, on entend plus que l'on ne voit le bruit de l'eau dans l'oued, nous marchons depuis 1h30, quand soudain, un murmure ... "chuuut.!!"
 
Tout, le monde s'arrête accroupi, personne ne bouge, quelques minutes plus tard, un gars remonte la colonne, c'est le Lieut. de la 1ère section, il annonce au Capitaine que les voltigeurs de tête se sont arrêtés quand ils ont aperçu des lumières et une colonne d'une trentaine de rebelles qui vient de leur passer devant le nez, incroyable...!, on aurait pas fait mieux si on c'était donné rendez vous. Le Pitaine dit "on ne change pas les plans", vers 4h30, les sections se séparent, chacune sur leur position, dans le bas on aperçoit un grand douar,  vers 5h, le dispositif est prêt, nous commençons la fouille des mechtas avec la 3ème section, soudain des coups de feux partent d'un groupe de mechtas  juste devant nous, la 2ème section qui est à 300m vient aussi d'accrocher,  ça canarde pas mal, nous sommes tombés sans aucun doute sur la bande que nous avons croisé cette nuit.
 
Dans la bagarre, je me suis trouvé isolé du Pitaine et je me trouve avec un groupe de voltigeurs... mal  m'en a pris,  je suis quelques mètres derrière Le Bi...  qui donne un grand coup de pied dans une porte, trois rebelles sortent en tirant, ils sont aussitôt abattus, mais Reveil.. qui a laissé traîner sa jambe devant la porte à une balle dans la cuisse, le fellagas qui avait le fusil de chasse a tiré ses deux cartouches, là encore j'ai senti le courant d'air, mais ... on s'occupe de Le Bi... qui est allongé, on lui fait un garrot avec son foulard, çà tire encore pendant une bonne demi heure. Le Pitaine vient voir Le Bi .. à 7h30, il est héliporté avec 2 rebelles blessés. Dans le feu de l'action, je n'ai pas senti que mon pied gauche me chatouillait un peu, je pense à un gravier dans ma Rangers, j'enlève ma chaussure.. surprise j'ai le pied en sang... l'infirmier vient me nettoyer, un plomb a percé le cuir de ma Rangers  et est venu se loger sur le dessus du pied, à priori,  je n'ai rien senti !, le Pitaine me demande si ça va aller jusqu'aux camions ..."je pense que oui.." bon... à côté de ce que Réveil... a pris, je m'estime chanceux. Bilan de l'opération chez les rebelles : 9 tués, 2 blessés graves, une dizaine d'armes récupérées dont 6 fusils de chasse.., on apprend qu'effectivement la bande que nous avons accrochée est bien celle que nous avons croisé cette nuit, nous apprenons aussi... que le lorsque nous sommes partis, compte tenu du temps exécrable, le Cdt a tenté de nous joindre par radio pour nous demander de revenir, mais la liaison n'est pas passée !!! bref,  les camions ne sont pas loin OUF.., mon pied commence à me faire mal, pour moi direction l'infirmerie.
 

 
 
L'Enlisement
Eh... les gars, je vous signale que vous êtes sortis de la route nationale!
 

Mercredi 1er Avril : Je suis resté à l'infirmerie, le Capitaine Médecin me dit qu'il serait plus prudent de me faire examiner à Aumale, mon pied a enflé, pour lui l'os est peut être touché, il m'envoie à l'hôpital par le prochain convoi, çà tombe bien, parce que depuis plusieurs jours, je ne me sens pas bien. Je monte à la maison prendre ma valise. Aissa aussi s'en va, il est muté au 2ème bureau au CCTA d'Aumale.
 
Vendredi 3 Avril :
Réveil 6h30,Aissa est déjà prêt, 7h 45 départ, on arrive à Aumale vers 9h15, un au revoir à Aissa (je ne savais pas que c'était un adieu, après un rapide passage au 2ème bureau, il sera   retrouvé égorgé  dans les vignes à côté de son village ), je monte à l'hôpital, nous sommes dans une grande salle où se tiennent  20 à 25 personnes. Le médecin passe me voir, il pense que pour éviter l'infection, il faudrait un grattage !!!, je lui dis que je me sens fatigué mais je n'ai pas de température, "on verra çà demain...."
 
Samedi 4 Avril : Je ne sens pas très bien ce matin, le toubib intervient sur mon pied, j'aurais quelques jours de convalescence, comme je lui parle de mes vomissements, il va me faire une analyse d'urine.
 
Dimanche 5 Avril : Le médecin est de repos et moi aussi, on verra lundi.
 

 
 

 
Lundi 6 Avril : Le médecin passe, il diagnostique une Jaunisse ..! il paraît qu'il y a une épidémie. Je suis ici pour 25 jours environ. La cuisine est excellente, ce midi j'avais un bifteck, artichaut et riz au lait. Je vais voir mon ami Réveil... pour lui, çà va, çà s'est passé tellement vite qu'il n'a pas eu le temps d'avoir peur, il est étonné du plomb que j'ai pris dans le pied, avec la jaunisse c'est la totale. Mon séjour à l'Hôpital s'est bien passé, 15 jours dans la chambre et 15 jours de convalescence dans une baraque dans la cour de  l'infirmerie, c"était  presque des vacances, pas de garde, pas de pluches et pas d'OP. Je sortais souvent dans Aumale, j'allais au cinéma là, j'ai rencontré une amie, Aïcha, elle travaillait à l'hôtel Riviera et était  d'Alger, on bavardait de temps en temps, le temps passait. Je donnais un coup de main aux infirmiers pour brancarder, je participais aux joies lorsque nous avons accouché une jeune Française musulmane dans l'ambulance... malheureusement plus souvent aux peines, lorsque dans la même ambulance, nous avons ramené un militaire qui avait reçu une rafale de mitraillette et qui hurlait de l'achever, il y a eu aussi un Dimanche l'embuscade de l'unité de Si Chérif par la Katiba 611, chez nous, 16 morts et de nombreux blessés dont  un copain Pacqu... blessé à l'omoplate et Mauris...un gars de  Segré blessé aux jambes, ce n'est qu'un va et vient d'hélicos sur la Dropping zone, les ambulances et les 4x4 tournent en permanence, je suis dans une ambulance et j'aide comme je peux Estella une infirmière d'origine Espagnole.
 
Pendant ce temps la bonne société d'Aumale est rassemblée à  la salle des Fêtes, on entend la musique et les flonflons  , on est écoeuré ...on ne peut pas ne pas entendre le vacarme assourdissant des hélicoptères qui tournent, "Quels sont ces gens indifférents qui s'amusent pendant que d'autres se font tuer ... Mauris... et Pacqu... n'ont pas demandés à venir et moi non plus.., OUI ! le devoir, je sais ..! " enfin plus d'une heure se passe avant que quelqu'un n'intervienne pour que cesse ces festivités. 2ème coup dur, les Dragons se sont fait accrocher du côté de Tablat,  encore par la maintenant trop fameuse Katiba 611, chez les Dragons, 18 morts et 20 blessés. Nous allons les chercher sur la "DZ" puis de retour à l'hôpital, ils sont classés par urgence, j'aide Estella qui pose les pansements, je lui dis que "c'est un drôle de métier" elle me répond "chacun le sien" . Il y a pourtant des blessures qui ne sont pas belles à voir... ma convalescence se termine, je passe ma dernière soirée au cinéma, je reprends le convoi demain pour la Maison Forestière, je l'avais presque oubliée celle là.